Qui de mieux pour vous parler d’entrepreneuriat qu’un entrepreneur lui-même ? Découvrez aujourd’hui l’interview de Céline Afonso-Tirel, fondatrice de l’Agence Belle & Hugo et du réseau « Les entrepreneures bienveillantes ». Véritable autodidacte dans le milieu de la communication et cheffe d’entreprise aux multitâches, Céline explique dans cette interview en quoi l’entrepreneuriat lui a permis de devenir qui elle est aujourd’hui et encourage les jeunes à se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.
Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je suis Céline Afonso-Tirel, j’ai 30 ans et suis l’heureuse fondatrice d’une agence de communication social média “Agence Belle & Hugo” ainsi qu’un réseau d’entrepreneures femmes “Les entrepreneures bienveillantes”. J’ai commencé comme community manager freelance, un métier qui me passionne… et aujourd’hui, je me sers de cette compétence pour tenter d’avoir un impact positif sur le monde, à ma petite échelle.
Quels sont vos parcours scolaire et professionnel ?
J’ai un parcours atypique, car je suis arrivée à mon métier de community manager totalement par hasard. Pour tout vous dire, j’ai commencé à travailler à 17 ans, tous les week-ends et vacances scolaires, au cinéma de ma ville. À cette époque déjà, j’appréciais beaucoup les lettres, alors j’ai commencé par faire un bac littéraire, avant de m’orienter en université de lettres anglaises en m’imaginant déjà professeure d’anglais, de français ou encore de philosophie. Ayant rencontré à cette même époque celui qui allait devenir mon mari et malgré mon adoration pour ces cours et la vie universitaire, j’ai dû bifurquer vers un BTS assistant de manager PME-PMI en alternance afin de pouvoir recevoir une paie à la fin du mois. J’ai donc réalisé mon alternance dans les bureaux d’un grand centre commercial, où j’ai découvert le monde de l’entreprise. Puis, j’ai été recrutée en tant qu’assistante de communication au sein d’une école de commerce bordelaise : KEDGE (BEM à l’école) Seulement, j’étais enceinte de trois mois… donc totalement inemployable. J’ai donc profité de cette période pour vivre pleinement ma grossesse et ouvrir un blog afin de partager ce moment de vie avec d’autres futures mamans. C’est également à ce moment-là que j’ai ouvert plusieurs réseaux sociaux liés à cette même thématique… et sans que je ne le veuille vraiment, toute une petite communauté s’est formée autour de ce blog et notamment sur Twitter et Instagram. C’est de cette manière que j’ai découvert des articles traitant de marketing digital, de social média, etc. J’ai énormément lu de contenu à ce sujet, et je me suis formée ainsi, sans savoir exactement où cela allait me mener. Une première personne est venue à moi pour m’occuper de sa présence en ligne, puis c’est un fondateur de start-up qui m’a demandé de m’occuper des réseaux sociaux de sa société, et très rapidement un responsable d’écoles supérieures pour son personal branding. Tout s’est enchaîné rapidement. J’ai ouvert mon auto-entreprise pour deux ans, avant de reprendre un emploi salarié pour quelques mois, car la vie sociale me manquait. J’ai passé un bachelor marketing et communication à distance avec Icademie, en étant enceinte de mon second enfant. J’ai terminé cette formation par un stage dans une société de voitures partagées… qui a sans doute renforcé mon engouement pour les projets engagés, à dimension sociale et/ou écologique. Après la naissance de mon second enfant, j’ai ré-ouvert ma micro-entreprise en démarrant immédiatement à temps-plein avec plusieurs clients. Souhaitant professionnaliser les services que je proposais, mais aussi offrir une plus large gamme de prestations, je travaille désormais avec d’autres freelances selon les projets et leurs expertises. L’Agence Belle & Hugo est pour moi un outil pour travailler comme je le souhaite, avec les personnes que je désire, et avec une équipe que j’adore. On pourrait dire qu’aujourd’hui j’exerce donc un métier que je me suis, finalement, construit sur-mesure et au fil du temps, des rencontres et des apprentissages.
Pensez-vous que votre parcours académique a joué un rôle dans la réussite de vos projets ?
Sincèrement, je ne le pense pas… En tout cas, mes diplômes n’ont pas eu d’impact sur ma réussite (ou mes échecs d’ailleurs). Je pense pouvoir affirmer que je suis une autodidacte. En revanche, je pense que certaines matières ont développé mon goût pour l’écriture, ce qui m’a évidemment été d’une grande aide autant dans ma vie professionnelle que dans ma vie personnelle. Ce qui a surtout joué dans mon cas, ce sont les gens… Les personnes formidables que j’ai pu rencontrer et qui ont parfois provoqué des prises de conscience, ou m’ont aidé à évoluer, à me dire que tout était possible si on s’en donnait les moyens et qu’on acceptait qu’il y aurait des étapes à franchir.)
Pouvez-vous nous décrire l’état actuel du développement de votre entreprise ?
L’Agence Belle & Hugo a seulement un an et demi d’existence (alors que je suis community manager indépendante depuis quasiment 7 ans) et déjà de nombreux clients réguliers. Je suis très fière de pouvoir faire travailler d’autres freelances sur nos projets… Et malgré la crise du coronavirus, mon entreprise continue son développement. Je ne souhaite pas en faire une énorme agence de communication car j’ai d’autres ambitions par ailleurs, notamment avec mon réseau d’entrepreneures. Des ambitions bénévoles, mais qui, j’en suis convaincue, permettront de véhiculer non seulement de belles valeurs mais aussi de mettre en action de nombreuses personnes pour construire le monde de demain. J’aime beaucoup l’idée d’avoir une agence à taille humaine, avec une petite équipe soudée et des clients que l’on chouchoute. C’est une vision “écologique” de l’entrepreneuriat, j’imagine… J’ai même du mal à concevoir la notion de concurrence, puisque je pense au contraire qu’il y a de la place pour tout le monde et que notre écosystème ne se portera que mieux si chacun revoit le concept de réussite entrepreneuriale, et son rapport à la croissance.
Qu’est-ce qu’entreprendre selon vous ?
À mon humble avis, l’entrepreneuriat dépasse le simple fait de fonder une structure juridique, de créer de l’emploi, de générer du chiffre d’affaires ou encore de vendre des produits et des services. L’entrepreneuriat est d’abord une philosophie, une volonté d’être dans l’action et d’inventer ce que l’on souhaite. Aujourd’hui, connaissant les enjeux environnementaux et sociétaux auxquels nous faisons face, je me dis qu’un entrepreneur est une personne qui a le désir de changer le monde, de réparer des fractures et de servir le bien. J’y crois dur comme fer, et j’espère que de nombreuses personnes oseront se lancer pour contribuer à la construction d’un avenir moins sombre que ce que nous prédisent certains chiffres.
Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’entrepreneuriat ?
Je suis arrivée à l’entrepreneuriat totalement par hasard, je ne savais pas ce dont il s’agissait avant de l’expérimenter. Avec la pratique, je réalise que l’entrepreneuriat m’apporte énormément sur de nombreux plan :
- il permet de se réaliser
- il offre une liberté d’action, de pensées
- un entrepreneur a une page blanche et peut dessiner ce qu’il souhaite
- pas de problème avec la hiérarchie 🙂
- nous faisons de merveilleuses rencontres
Je suis actuellement en train de rédiger un ouvrage pour démontrer à quel point l’entrepreneuriat peut être un outil d’épanouissement personnel pour certaines personnes.
Pensez-vous que sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat est important ?
Absolument ! Moi qui viens d’une famille où l’entrepreneuriat n’a jamais été abordé (ma mère me rêvait en fonctionnaire), je n’ai jamais eu la chance d’aborder ce sujet plus jeune. La notion même d’entrepreneuriat était totalement floue pour moi, inaccessible. Il me semble très important de sensibiliser les jeunes sur le pouvoir de l’entrepreneuriat, son impact sur les gens et sur la société. C’est un formidable levier pour agir et créer la vie dont on a toujours rêvé, mais aussi pour améliorer celle des autres.
Qu’est-ce que le réseau « entrepreneures bienveillantes » et pourquoi l’avoir fondé ?
Il s’agit d’un réseau d’entrepreneures féminines, rassemblées autour de valeurs fortes : éthique, écologie, bienveillance évidemment, solidarité. Nous souhaitons promouvoir l’entrepreneuriat féminin, nous portons des projets bénévoles (mécénat) pour des associations et ONG, nous organisons des ramassages de déchets, des ateliers pour découvrir les expertises des unes et des autres… Là encore, c’est une aventure qui a démarré tout à fait par hasard avec la création d’un groupe facebook. Un projet qui possède un fort potentiel, et dans lequel je m’implique bénévolement depuis bientôt deux ans maintenant. Le réseau comptait 180 adhérentes l’an passé, 4000 abonnées au compte Instagram et 1200 entrepreneures sur le groupe facebook. Un vivier de compétences, de créativité et de belles énergies ! Ces femmes m’inspirent tous les jours.
Être une femme entrepreneure en 2021, quels défis ?
Il y a une certaine quantité de défis à relever quand on est une femme entrepreneure en 2021. Bien sûr, il y a tout ceux liés à la condition féminine : redoubler d’efforts pour obtenir une certaine crédibilité, la difficulté à lever des fonds (c’est statistique, regardez le collectif #WeAreSista), vaincre son syndrome de l’imposteur (toujours plus prononcé chez les femmes), etc. Mais il y a aussi l’impact du coronavirus. Pas évident d’entreprendre alors que le monde traverse une crise sans précédent… Pourtant, ce même monde a besoin de vous mesdames ! Parce que 60% des femmes entreprennent pour avoir un impact positif ! Il est plus que temps de croire en vous, et de vous lancer. Vous avez beaucoup à apporter. Surtout, restez soudées les unes aux autres car les femmes unies sont capables de tout accomplir.
Quelles sont selon vous les qualités d’un bon entrepreneur ?
La curiosité, l’ouverture sur le monde, l’amour des autres, l’envie de contribuer à quelque chose qui nous dépasse, la bienveillance, le doute (il en faut, pour avancer et se remettre en question quand cela est nécessaire), l’imagination, l’humilité, l’empathie, la justesse.
Quelles compétences et bénéfices personnels l’entrepreneuriat vous-a-t-il permis d’acquérir ?
Je dirais que l’entrepreneuriat m’a permis de devenir qui j’étais, tout simplement. J’ai passé une première partie de ma vie à tenter de coller à ce qu’on attendait de moi… et grâce à l’entrepreneuriat, j’apprends à devenir qui je suis réellement, sans gêne. Un entrepreneur est finalement un peu comme un artiste, il dessine sa vie à partir d’une page blanche et peut faire fi de ce qu’on a tenté de lui inculquer. Il peut également être le véhicule de valeurs, et proposer des solutions concrètes. L’entrepreneuriat m’a appris que finalement, je pouvais parler en public, que je n’étais pas si nulle en maths, que j’avais de nombreuses ressources en moi pour progresser, que je savais coordonner des personnes sur un projet, que je savais me vendre sans me vendre (exercice terrible) et surtout en restant vraie et authentique, que la vie était pleine de surprises mais que si on croit en elle, le meilleur peut aussi arriver.
Si vous souhaitez en apprendre plus sur les compétences utiles pour votre futur, vous pouvez lire notre article sur l’importance des soft skills dans le monde professionnel.
Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui voudraient se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
Je leur rappellerais que s’ils vibrent pour un projet, alors ils ont le devoir de se lancer ! Ils ne seront jamais prêts à 100%, les réponses viennent au fur et à mesure du chemin… C’est inconfortable, mais il faut l’accepter. Formez-vous, tout le temps ! Soyez curieux, discutez, partagez, entourez-vous. Si vous pouvez trouver un mentor pour vous guider, c’est vraiment l’idéal pour démarrer et se rassurer. J’ai eu la chance d’avoir plusieurs entrepreneurs pour me conseiller, et m’apprendre que les montagnes russes sont la normalité dans la vie d’entrepreneur… Moi qui voulais à tout prix éviter les échecs et les difficultés depuis toute petite, je vous avoue que l’entrepreneuriat demande de relever de nombreux défis. Mais jamais, jamais je ne me sentirais aussi heureuse que si je n’étais pas passée par tout cela. Vous avez un projet entrepreneurial qui apporterait du positif à ce monde et vous permettrait de créer la vie que vous avez envie de vivre ? Lancez-vous 🙂