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Portrait d’entrepreneures : Philippine et Shéryline

18 Juin 2021

Lauréates du concours PEPITE en 2019, nous accueillons aujourd’hui Philippine et Sheryline, fondatrices du PAPONDU, la première alternative à l’œuf complètement végétale. Avec un projet inspirant et prometteur, ces deux jeunes entrepreneures nous parlent de leur parcours et leurs motivations. 

 

Pouvez-vous vous présenter ?

Moi c’est Philippine et je suis la fondatrice du Papondu avec Sheryline, un projet qui est né en 2017 quand on était encore étudiantes et qu’on continue à temps plein depuis la fin de nos études. Nous travaillons sur un substitut végétal à l’œuf qui se présente sous la même forme qu’un œuf de poule classique mais qui serait particulièrement adapté aux personnes qui suivent des régimes végans, végétariens, ou celles qui souffrent d’intolérance ou d’allergie aux œufs. C’est un produit qui se cuisine normalement comme un œuf de poule.

 

Quel est votre parcours scolaire et professionnel ?

Sheryline : On est toutes les deux issues d’une école d’ingénieur en biologie industrielle, c’est là qu’on s’est rencontrées avec Philippine et c’est aussi en étant étudiantes qu’on a commencé le projet. On a aussi eu un master en chimie pour compléter notre formation et on s’est lancées dans l’entrepreneuriat directement en sortie d’études. A partir de ce moment, on a intégré Station F avec le réseau Pépite. On s’est divisé en 2 pôles : Philippine est spécialisée dans la R&D et moi en marketing et communication. 

 

Pensez-vous que votre parcours scolaire a joué un rôle dans la réussite de vos projets ?

Philippine : Je pense que ni Sheryline ni moi n’étions destinées au départ à une carrière entrepreneuriale. C’est vraiment quand on a eu cette idée qu’on a commencé ce projet et qu’on ne pouvait plus s’arrêter. La suite logique était de commencer l’entrepreneuriat, donc ça a clairement joué. On ne serait pas accompagnées de la même façon si nous n’avions pas fait partie du réseau Pépite là où nous étions étudiantes. C’est grâce à ça qu’on a pu découvrir l’entrepreneuriat et être mieux formées à tous les enjeux auxquels on doit faire face. 

Sheryline : On a intégré le réseau Pépite qui nous a été conseillé par nos professeurs. En intégrant Station F, on a intégré le programme d’accélération Pépite startup IDF. C’est ce qui nous a vraiment initié à l’entrepreneuriat et qui nous a appris toutes les bases de l’entrepreneuriat qu’on n’avait pas eu en école d’ingénieur.

 

Pensez-vous que sensibiliser les jeunes à l’entrepreneuriat est important ?

Sheryline : Je trouve que c’est important car comme l’a dit Philippine, toutes les deux, en étant en école d’ingénieur, on ne pensait pas du tout se lancer dans l’entrepreneuriat un jour. On souhaitait surtout devenir ingénieures en R&D ou autre. Je pense aussi qu’on avait une vague idée de ce qu’était l’entrepreneuriat, on ne se savait pas comment ça se passait. C’est aussi quelque chose qui peut effrayer. Dans mon entourage, on me dit souvent que je suis courageuse d’avoir suivi cette voie alors que je ne pense pas qu’il faille autant de courage. On est souvent bien entouré quand on se lance. On ne le sait pas forcément au début parce qu’avec un regard lointain sur l’entrepreneuriat, on a l’impression que c’est beaucoup de travail alors qu’avec l’accompagnement, ça se passe plutôt bien, on y va petit à petit. Du coup c’est important de sensibiliser les jeunes pour qu’ils aient une idée de ce que c’est réellement et de toute l’aide qui existe pour pouvoir se lancer, qu’on n’est pas tout seul. 

 

Comment vous est venue l’idée de votre produit, quelles étaient vos motivations ?

Sheryline : À l’origine, c’était dans le cadre d’un projet scolaire, en deuxième année du cycle ingénieur. On avait un cours de marketing et notamment le projet qui s’appelait innovation et projet d’entreprise pour initier les étudiant à l’entrepreneuriat. C’était une bonne initiative de notre école car dans notre ville, les écoles d’ingénieur ne faisaient pas forcément cet effort. On était par groupe de 14 étudiants et on devait trouver une innovation dans l’agroalimentaire. Sur le coup, ce n’était pas évident pour nous, car il existe déjà pas mal de choses sur le marché. Ce qu’on a fait, c’est qu’on s’est d’abord penchées sur les tendances alimentaires, on a ciblé le véganisme. On a demandé à toutes les personnes de notre entourage qui étaient véganes ou végétariennes ce qui leur manquait le plus depuis qu’elles avaient changé de régime alimentaire, et l’œuf ressortait pas mal de fois. En étudiant les substituts qui existaient, on a vu qu’il n’y avait pas grand-chose pour les œufs. En tant que scientifiques, on s’est dit qu’on allait proposer notre solution, un Papondu, un œuf végétal gourmand, sain, accessible et qui s’utilise facilement. 

 

Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?

Philippine : Il y en a eu pas mal. Déjà mettre au point le produit pour retrouver toutes les caractéristiques et les usages de l’œuf n’est pas chose facile. On a ensuite eu un challenge sur l’emballage, en agro-alimentaire c’est souvent du plastique qui est utilisé, sauf qu’on ne voulait pas forcément en mettre. Donc la recherche d’alternatives qui permet une bonne conservation du produit tout en respectant l’environnement est un véritable challenge. Ensuite tout ce qui est relié à l’entrepreneuriat, on n’a pas forcément été très sensibilisées quand on a commencé donc c’est aussi tout un milieu avec lequel il faut se familiariser. 

Diriger une entreprise, avantages et inconvénients ?

Avantages : En tant que cheffes d’entreprise, on en apprend tous les jours dans plein de domaines différents, on voit vraiment tout ce qu’il se passe dans la gestion d’une société. On a pu en avoir un petit aperçu pendant nos études grâce aux stages, mais maintenant, on est vraiment au cœur du sujet. On touche un peu à tout, l’aspect juridique, le marketing, la R&D, etc. plein de choses que l’on n’aurait probablement pas faites si on avait eu un métier plus traditionnel en sortie d’école d’ingénieur. Travailler sur un produit, c’est vraiment travailler sur sa conception de A à Z, et on se rend compte de tous les challenges qu’il y a, ce qui est très enrichissant. D’autre part, on n’y est pas encore pour l’instant mais c’est super excitant de se dire qu’on va pouvoir créer de l’emploi et qu’on créer une solution qui n’existe pas encore pour des personnes qui en ont besoin.

Inconvénients : C’est quand même une grosse pression. On sait qu’il y a beaucoup de gens qui attendent un produit comme le nôtre maintenant que l’on a commencé à communiquer, on n’a pas le choix, il faut que l’on continue quelques soient les difficultés qu’on a. A partir du moment où c’est notre projet, on prend forcément les choses beaucoup plus à cœur et c’est difficile de couper le soir ou le weekend. On a toujours notre projet un petit peu en tête, donc pour les inconvénients, c’est plus sur le terrain psychologique.

 

Comment vivez-vous le fait de travailler ensemble ?

Philippine : Au début du projet, on ne se connaissait pas très bien. On s’est connu en école d’ingénieur. On a été mis en groupe par ordre alphabétique et le destin a fait qu’on s’est retrouvé ensemble (rires). On se connaissait de vue puis on s’est mieux connues à travers le projet. L’année suivante on est devenu colocataires, et maintenant on se connaît par cœur. On n’a pas eu de mal à travailler ensemble, on communique bien. Il y a forcément des moments où l’on n’a pas été d’accord mais dans le fond on a quand même la même vision à moyen-long terme, on a les mêmes valeurs, les mêmes choses qui nous tiennent à cœur et pour tout le reste on arrive bien à communiquer donc pour l’instant tout se passe bien (rires). 

Sheryline : C’est vrai qu’on nous a toujours dit que c’était important d’avoir la même vision à long terme et je pense que, toutes les deux, on a pu s’accorder sur différents points. 

 

Étiez-vous dès le début à l’aise avec le fait de pitcher un projet ?

Philippine : C’est venu au fil du temps, on s’en sortait quand même un minimum mais nous n’étions pas à l’aise. On s’est beaucoup entraînées. Après, quand on a un projet auquel on tient, ça facilite les choses, on parle de ce que l’on fait tous les jours donc ça aide. On a aussi beaucoup été aidées. Quand on était étudiantes, on a été accompagnées par la pépinière de Cergy qui nous a vraiment formé et présenté les points importants qu’il devait y avoir dans notre pitch. Ensuite c’est quelque chose qu’on a revu plusieurs fois au fur et à mesure que notre projet a évolué, on n’arrête pas d’apprendre.

 

Quels conseils donneriez-vous à des jeunes qui voudraient se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ? 

Sheryline : Être ouvert, ne pas hésiter à parler de votre projet à des personnes de confiance et qui pourront vous aider. Rester ouvert à tous conseils et propositions et être à l’écoute de tout ce que l’on peut recevoir.

Philippine : Il faut faire le premier pas, c’est le plus dur, après tout s’active tout seul.

Sheryline : Je pense que se lancer en sortie d’études, le plus tôt possible, peut être une bonne chose. En écoutant les conseils des gens, en s’entourant des bonnes personnes qui ont créé eux-mêmes leur entreprise et qui sont à un stade beaucoup plus avancé, on peut apprendre. Souvent, on a l’appréhension de ne pas avoir d’expérience et qu’il vaut donc mieux attendre mais je pense qu’il faut se lancer dès lors qu’on a un projet auquel on croit et qui nous passionne. Il ne faut pas attendre d’être parfaitement prêt pour se lancer parce qu’on ne le sera jamais. Il faut juste avoir le bon timing avec son marché et y croire.