Former les jeunes à l’entrepreneuriat peut sembler incongru, surtout en France où la notion d’entreprise fait parfois grincer des dents. On ne sait pas vraiment pourquoi d’ailleurs. L’entreprise c’est l’emploi de demain pour les jeunes, mais aussi une aventure collective qui dépasse de plus en plus la seule notion de profit pour intervenir au niveau de la société. Yuka et Too Good To Go, deux entreprises créées récemment par de jeunes entrepreneuses en sont l’illustration.
Un nombre grandissant de pays voit un intérêt certain à former les jeunes à l’entrepreneuriat. On ne parle pas que des Etats-Unis, mais aussi du Canada, de la Suède, de la Finlande, la Suisse, la Tunisie, la Chine, … alors pourquoi pas nous ?
En effet, l’entrepreneuriat se révèle un terreau d’apprentissage extrêmement fertile.
Il permet en premier lieu la mise en œuvre de nouvelles compétences pour les jeunes. Les fameuses « soft skills » ou compétences comportementales. Monter un projet entrepreneurial, c’est travailler en mode projet en libérant sa créativité individuelle mais aussi et surtout celle du collectif. Monter un projet entrepreneurial, c’est faire preuve de persévérance, apprendre à ne pas se décourager. C’est aussi faire preuve d’agilité, de capacité d’adaptation. Qui pourrait dire que savoir s’adapter n’est pas une compétence des plus précieuses par les temps qui courent ? Et la liste est encore longue de toutes les compétences que l’on peut développer à travers un parcours entrepreneurial…
Ensuite, se frotter à l’entrepreneuriat c’est bien sûr découvrir le monde de l’entreprise, les grandes fonctions nécessaires à la construction d’un projet. Les ventes, les ressources humaines, le marketing et la communication, le développement produit, mais aussi les aspects légaux … un parcours d’initiation à l’entrepreneuriat permet de découvrir les emplois d’aujourd’hui et de demain, de se faire une meilleure idée et de suppléer le grand vide de l’orientation. 48% des jeunes en France déclarent d’ailleurs n’avoir pas eu une bonne orientation selon une étude du Cnesco parue en 2018. Alors quoi de mieux que de tester, essayer pour de bon ? Rien de tel pour construire sa future « employabilité » en plus.
S’initier à l’entrepreneuriat c’est aussi mettre en application concrète des enseignements de l’école. Qui pourrait nier que l’enseignement est souvent trop théorique ? Cela participe au décrochage scolaire et en France nous avons 100 000 décrocheurs tous les ans. Oui, 100 000, vous avez bien lu … Apprendre par le faire ou « learning by doing » comme disent les anglo-saxons ce n’est certes pas nouveau mais encore trop peu appliqué. Quand vous entreprenez vous utilisez des compétences mathématiques (étude de marché, prévisions de ventes, …), de la gestion bien sûr (budget) mais aussi du français (le fameux « pitch » ou présentation orale de son projet) ou encore des arts plastiques (le logo, la com). Tout ça de façon appliquée et l’on sait que n’importe quel apprenant assimile mieux s’il a un objectif concret. C’est encore plus vrai pour les jeunes.
Entreprendre, vous l’aurez compris, c’est mettre en œuvre beaucoup de savoirs. Une occasion unique donc de «croiser les enseignements», ce qui est souvent une bonne idée. Et les enseignants sont ravis de pouvoir mettre en place des projets qui donnent lieu à une collaboration entre eux et un décloisonnement des matières. On imagine facilement une enseignante d’économie et gestion travailler avec un professeur d’arts appliqués dans la mise en œuvre d’un parcours entrepreneurial avec des jeunes : l’un se portera plus sur la partie gestion, l’autre sur la création du plan de communication. Tous les deux y trouveront leur compte dans un enrichissement collectif et une mise en application concrète de leurs matières.
Développer l’esprit d’initiative chez tous les jeunes – et il est important de souligner tous – c’est aussi un souci d’équité. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes l’entrepreneuriat en France est encore beaucoup réservé à une minorité. Le profil de l’entrepreneur, nous le connaissons tous : homme, blanc, généralement bien éduqué. Avec une idée: monter une startup. Certes, c’est un peu simplifier la réalité mais selon une étude récente de l’Insee les femmes ne représentent que 29% des créateurs d’entreprise. Et entreprendre ce n’est pas que les startups comme on le lit trop souvent dans la presse. Entreprendre c’est aussi monter sa « petite » entreprise sans rêve d’hypercroissance. Aucun jugement de valeur ici. Entreprendre c’est prendre son destin en main et peut-être améliorer notre futur à tous. Ou juste le sien et ce n’est déjà pas si mal, non ? Et ça, tout le monde devrait pouvoir se sentir capable d’entamer la démarche pour peu que l’envie y soit.
Enfin, pourquoi est-ce si important maintenant ? Parce que le futur des jeunes passe par leur capacité à devenir eux-mêmes acteurs de leur avenir dans un monde de plus en plus incertain. Un monde du travail où l’on nous dit que 65% d’entre eux exerceront un métier qui n’existe pas encore selon une étude récente du Forum Économique Mondial. C’est important, pas forcément pour en faire tous des entrepreneurs, ce serait certainement une erreur car il faut que l’envie soit là mais pour leur donner l’esprit d’initiative, le goût de la prise de risque calculé, une certaine audace et une grande confiance en eux, en leur avenir et le sens du collectif.
Comme le disait Mark Twain « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait ».
Alors pourquoi ne pas mettre au programme cette initiation à l’entrepreneuriat ? Avec comme finalité une jeunesse plus engagée, plus motivée et plus sûre d’elle-même où chacun.e peut faire valoir ses talents.
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